Deux statues de dignitaires égyptiens, un scribe médecin et un grand prêtre contemporain de Ramsès II, ont été mises au jour sur le site d’Ermant, dans la région de Thèbes (Haute Egypte), ainsi qu’un fragment de paroi en calcaire provenant d’un temple datant du Moyen Empire (2000 ans avant JC). Cette découverte exceptionnelle a été réalisée par l’équipe d’archéologues menée par Christophe Thiers, directeur du Centre franco-égyptien d’étude des temples de Karnak conjointement avec le laboratoire Archéologie des sociétés méditerranéennes.
Ces deux statues, l’une en calcaire (93 cm de haut) et l’autre en granodiorite (68,5 cm de haut) constituent des œuvres exceptionnelles et atypiques par leur état de conservation, leurs textes hiéroglyphiques et leur iconographie. C’est sur ce même site d’Ermant qu’ont été retrouvées, il y a quelques jours, cinq têtes de pharaons sculptées dans la pierre.
Depuis 2004, des travaux archéologiques sont menés régulièrement sur le site d’Ermant, l’antique Hermonthis, à quelques kilomètres au sud de Louqsor, dans le cadre d’une mission conjointe de l’Institut français d'archéologie orientale, du Centre franco-égyptien d’étude des temples de Karnak et du laboratoire Archéologie des sociétés méditerranéennes. Le dégagement en cours des niveaux de destruction du temple principal consacré au dieu Montou-Rê, dieu tutélaire de la région thébaine, a livré ces blocs de pierre élégamment sculptés, recouverts d’hiéroglyphes et permettant de connaître précisément les noms et les fonctions des personnes représentées. Ce qui en fait des œuvres extrêmement originales.
La première statue découverte (en calcaire) représente Nebamon, à la fois scribe et médecin de pharaon, accompagné par plusieurs membres de sa famille. Il porte sur ses genoux une statue assise du dieu Montou4 abritée dans son naos (sanctuaire sacré situé dans la partie la plus reculée d’un temple). Ce personnage était déjà connu par une autre statue découverte à Ermant en 1980 au cours de fouilles menées par le Service des Antiquités d’Égypte.
La deuxième statue retrouvée (en granodiorite), représente Ramose, premier grand prêtre de Montou d’Ermant, contemporain de Ramsès II. Il expose sur une table d’offrandes deux têtes de faucon, personnifiant le dieu Montou : cette représentation double du dieu est unique et aucune autre statue de ce type n’a jamais été retrouvée. Ramose n’était connu jusqu’à présent que par une statue conservée à l’Art Institute de Chicago et par une représentation dans la tombe thébaine d’un certain Khonsou dans laquelle il participe à une procession en l’honneur du dieu d’Ermant.
Enfin, la dalle qui vient juste d’être retrouvée (160 x 130 x 40 cm) est un fragment de paroi en calcaire du temple principal du Moyen Empire dédié au dieu Montou-Rê. Ce bloc de pierre porte une représentation du dieu de la mort Anubis à tête de chacal tenant le souverain par la main et daterait probablement du règne d’Amenemhat 1er (vers 1990 avant JC). L’étude précise des hiéroglyphes va permettre aux égyptologues d’en savoir davantage sur ces œuvres.
Les cinq têtes royales ont également été découvertes lors des travaux menés dans les fondations de la partie avant (pronaos) du temple de Montou-Rê, où elles ont été intentionnellement regroupées. Elles mesurent entre 61 et 84 cm (soit en moyenne 70 cm). Le souverain porte la double-couronne de Haute et Basse Égypte. Sculptées dans du grès, elles présentent un bon état de conservation, des pigments bleus (barbe) et rouges (chair et partie de la couronne) étant encore distinctement visibles. Elles ne portent aucune inscription hiéroglyphique capable d’assurer le nom du roi représenté mais les premières observations laissent penser qu’il s’agirait d’une œuvre remontant au Moyen Empire. Des études seront nécessaires pour préciser ces premières données.
P.S. : communiqué officiel
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