Troisième pharaon de la XIXème dynastie, fils de Séthi I, Ramsès II est le pharaon le plus connu de l'antiquité égyptienne. Ce grand bâtisseur qui a fait construire de nombreux temples et palais dont les inscriptions murales ont vanté ses louanges et ses glorieux faits d'armes, a régné près de 67 ans sur le Royaume des Deux Terres.
par Xavier Riaud*
photo : Radiographie de profil du crâne de Ramsès II, note 7
Né vers 1314 av. J.-C., Ramsès II a grandi aux côtés de Séthi I avant de lui succéder vers 1279 av. J.-C.. Le règne de ce grand pharaon est remarquable tant par sa durée que par la personnalité du roi et par la richesse de l'Egypte à cette époque. Entouré de conseillers compétents, Ramsès II laisse le souvenir d'un guerrier invincible et d'un amant comblé par la beauté de son épouse la plus connue: Néfertari. Les 67 années de son règne ont été agrémentées d'une période de paix et de prospérité que l'Egypte n’a plus jamais retrouvé[1]. » (…)
« Le 19ème jour du premier mois de la saison akhet de l'année 1213 avant J.-C., Ramsès II s'est éteint probablement dans sa capitale de l'est du delta: Pi-Ramsès. Son corps momifié sur place a été ensuite transporté jusqu'à Thèbes par le Nil et il a été déposé dans son magnifique tombeau creusé dans la falaise de Deir-el-Bahari, (repéré aujourd'hui comme le n° 7 de la Vallée des Rois), après les rituels funéraires d’usage.
Deux cents ans plus tard, alors que la dynastie des Ramsès disparaissait, une période de troubles a commencé. Tandis qu'une nouvelle dynastie émergeait dans le delta à Tanis, à Thèbes, les Grands Prêtres d'Amon prenaient le pouvoir et devaient faire face aux révoltes, aux invasions libyennes et aux pillages des tombeaux de la Vallée des Rois. La tombe de Ramsès II a été violée et sa momie, profanée par des pilleurs à la recherche des bijoux en or. Constatant cela, le Grand Prêtre Herihor a décidé de restaurer les bandelettes de nombreuses momies royales et les a regroupé dans les tombes de Sethi I et d’Aménophis II[2]. »
« Ramsès II a été déposé dans la tombe de son père, mais peu après de nouveaux pillages ont dégradé la momie davantage. En l’an X, le Grand Prêtre Pinedjem I a réparé les dégâts occasionnés sur la momie.
La sépulture étant jugée trop exposée, les prêtres d'Amon ont décidé de transférer les momies royales dans la tombe de la reine Inhâpi lors des obsèques en ce lieu du Grand Prêtre Pinedjem, le 17ème jour du règne de Siamon, en - 979 av. J.-C.
Ramsès II allait enfin pouvoir reposer en paix pendant 2830 années[3]. »
« En 1974, le Docteur Maurice Bucaille alerte les autorités égyptiennes sur l'état pitoyable de la momie de Ramsès II. Les liens diplomatiques entre les gouvernements égyptiens et français aboutissent alors à la décision de confier la momie à la France afin de la faire traiter et examiner. Le 26 septembre 1976, la momie de Ramsès II arrive au Bourget où elle est réceptionnée avec les honneurs dignes d'un chef d'Etat. Puis, elle gagne le Musée de l'Homme où elle demeure 8 mois. Une cinquantaine de spécialistes de toutes les disciplines se penchent sur la momie, ses tissus et son sarcophage qui sont minutieusement étudiés. L'ensemble est radiostérilisé aux rayons gamma à la centrale nucléaire de Saclay.
« L'état dentaire (du pharaon) est très mauvais. Une abrasion des tables occlusales, la réduction de certaines dents à l'état de racines (n° 16, 26 et 37) et la présence de lésions périapicales sur 46 sont perceptibles. L'absence des incisives et canines maxillaires sauf la 11 et la 13, l'absence des molaires et prémolaires (36, 47, 18, 28, 25, 24 et 15) sont également visibles. Une alvéolyse (= perte de substance osseuse) généralisée touche l'ensemble de la denture. Aucune trace de traitement dentaire ou de restauration prothétique n’est relevée.
La détermination de l'âge par la méthode Gustafson[5] donne un âge de décès à 80 ans plus ou moins cinq ans[6]. » (…)
(*) Docteur en chirurgie dentaire, Docteur en épistémologie, histoire des sciences et des techniques, Lauréat et membre associé national de l’Académie nationale de chirurgie dentaire, membre libre de l’Académie nationale de chirurgie.
[1] Cf. Monier Thibault, « Retour sur l’étude paléopathologique de la momie de Ramsès II au Muséum d’Histoire Naturelle (Paris) : 1976-1977 », in Actes du 1er Colloque Internationale de Pathographie 2005, De Boccard (éd.), Paris, 2006, pp. 151-157 (également cf. Lalouette Claire, Dieux et pharaons de l’Egypte ancienne, Librio (éd.), Paris, 2004, pp. 68-70).
[2] Cf. Monier Thibault & Agnès, « La momie de Ramsès II : étude paléopathologique d’un pharaon de la XXème dynastie », in Actes de la Société française d’histoire de l’art dentaire, Paris, 2002, pp. 1-6.
[3] Cf. Monier Thibault & Rombauts Agnès, Pathologie et thérapeutique dentaires dans l’Egypte pharaonique, paléopathologie de momies égyptiennes, Thèse Doct. Chir. Dent., Paris, 1982, pp. 102-123.
[4] Cf. Monier Thibault & Agnès, « La momie de Ramsès II : étude paléopathologique d’un pharaon de la XXème dynastie », in Actes de la SFHAD, Paris, 2002, pp. 1-6.
D’après Monier (1982), des études similaires ont été réalisées sur d’autres momies royales :
- Thoutmosis II règne de -1493 à -1490. Il serait mort à l’âge de 25 ou 30 ans.
- Amenophis IV Akhenaton (-1364 à -1347) avait plus de 20 ans à sa mort, mais moins de 25 (méthode de Gustafson).
- Sethi Ier (-1304 à -1290) devait approximer les 40 ans au moment de son décès.
- Mineptah (-1224 à -1204) devait avoir plus de 60 ans (70 à 75 en fait) lorsqu’il meurt (Cf. Monier Thibault & Rombauts Agnès, Pathologie et thérapeutique dentaires dans l’Egypte pharaonique,… , op. cit., 1982).
[5] Il existe plusieurs formules pour déterminer l’âge d’un corps à partir des dents. Il y a celle de Gustafson (1947) qui utilise six critères de modifications physiologiques des dents observés en fonction du vieillissement, mais qui impose de procéder à des inclusions, et à la réalisation de lames minces, par sections polies, ce qui n’est pas à la portée de tous. Il y a aussi celle de Lamendin (1988) qui propose une formule de Gustafson simplifiée qui ne repose que sur trois critères et que le Français juge peu fiable. Puis, ce dernier définit une méthode ne s’appuyant que sur deux critères et prenant en compte les rapports entre la hauteur de translucidité et la hauteur de parodontose (hors pathologie évidente) avec la hauteur de la racine. C’est la formule de Lamendin.
En 1989, Drusini s’intéresse à la translucidité de la dentine radiculaire sur dents entières.
Hélène Martin (1996) a, quant à elle, cherché une méthode de détermination de l’âge à partir du cément dentaire.
Il y a le nuancier radiculaire du Dr Guy Collet (1999). Ce dernier a étudié la couleur des racines des dents à différents âges et sur différents échantillons de population. A partir des résultats, il a créé un nuancier qui fait référence aujourd’hui.
Des chercheurs japonais auraient déterminé un procédé d’estimation de l’âge à partir de l’étude de l’ADN tiré de la pulpe dentaire (Cf. Lamendin Henri, Petites histoires de l’art dentaire d’hier et d’aujourd’hui, L’Harmattan (éd.), Collection Ethique médicale, Paris, 2006, pp. 130-131).
[6] Cf. Monier Thibault, « Retour sur l’étude paléopathologique de la momie de Ramsès II au Muséum d’Histoire Naturelle (Paris) : 1976-1977 », in Actes du 1er Colloque Internationale de Pathographie 2005, De Boccard (éd.), Paris, 2006, pp. 151-157.
[7] Cf. Faure Clément, collection privée, communication personnelle, Paris, 2007, © Pr Clément Faure.
[8] Cf. Faure Clément, collection privée, communication personnelle, Paris, 2007, © Pr Clément Faure.
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