Terminons notre compte-rendu par les conférences de l’après-midi qui portent essentiellement sur les pratiques religieuses et funéraires des artisans du village. Comme le note Hanane Gaber, c’est le français Bruyères qui va entièrement dégager le village et retrouver une documentation nombreuse. Les écrits sont des écrits non royaux et le plus souvent en hiératiques, sauf dans les décors des tombes et des temples. Le village vénère des dieux « locaux » comme Hathor, Khnoum et Satis. Les deux derniers dieux sont intéressants, car ils viennent du sud, d’Assouan. Comment expliquer cette présence ? Soit par la présence d’artisans venant du sud ou suite à l’extraction de matériaux pour alimenter les chantiers et les cultes étant mobiles, ils s’importent naturellement. Pour la vie quotidienne, les mobiliers découverts dans les tombes sont une source incontournable pour nous (meubles, ustensiles divers, instruments de travail). Des bibliothèques d’artisans furent aussi retrouvées. Certains étaient de véritables lettrés.
Nous savons que dans les maisons, il existait une piété personnelle / familiale même si celle-ci est difficile à comprendre. Nous trouvons des bustes de laraire. Il s’agit de bustes d’ancêtres pouvant être présents dans les maisons. Mais ils sont rarement identités par des noms. Plusieurs ancêtres royaux étaient vénérés à Deir el-Médineh : Seqenenrê, Amenhotep Ier et Ahmès-Nefertari. Les artisans étaient-ils aussi prêtres et certaines femmes du village, prêtresses ? Il semble que oui. La présence de stèles oreilles prouvent que les artisans demandaient des faveurs aux divinités.
Sylvie Donnant poursuivra sur le même thème. Elle évoque la puissance négative et des actes néfastes du mort (contre les vivants). Certains artisans du village étaient aussi des ritualistes pour contrer le mauvais œil et éloigner les morts ? Toute une magie était utilisée (magie hekaou). Dans la littérature égyptienne, nous connaissons des manuels pratiques pour le ritualiste. Les habitants pouvaient aussi porter des formules sur soi. Les morceaux de papyrus, inscrits des formules, étaient pliés et portés. Les bibliothèques de Deir el-Médineh ont d’ailleurs livrés plusieurs papyrus sur ces thèmes :
— les papyrus Chester Beatty 1 à 20 : on citera notamment les papyrii 11 à 15 portants sur les incantations de bonne santé
— les papyrii IFAO 1 à 17
On trouve des copies de lettres, des textes littéraires, des compositions médicales — magiques, des rituels pour les ancêtres ou encore un manuel d’interprétation des rêves. Le papyrus Beatty 7 donne un billet de formule modèle : titre de la formule, le texte proprement dit, en encre rouge, le « mode d’emploi ». Une des questions que l’on peut se poser est de savoir qui sont les auteurs de ses amulettes — papyrus : des personnes du village ou de personnes extérieures.
Guillemette Andreu conclut la journée, toujours sur la piété personnelle. Des tombes datant de la 18e dynastie se situaient plutôt dans la nécropole de l’est et il s’agit de simple cavité dans le sol de la colline (à droite du village). Ces tombes datent essentiellement des règnes de Thoutmosis III et d’Hatshepsout. Mais elles ne sont pas en lien avec le village visiblement.
Une question se pose tout de même : quelle est donc la piété personnelle dans le village ? Dans les oratoires ? Dans les sanctuaires du village ? Dans la maison ? Est-ce plutôt une piété publique ou privée ou les deux ? Des artisans sont-ils des serviteurs dans les sanctuaires ou pas ? Comment comprendre la présence de chauves d’Hathor à Deir el-Médineh ? Est-ce un membre du village ou des personnes extérieures ?
Il existe un culte à Amon assez particulier : les oies d’Amon. Plusieurs tombes évoquent ces oies et donc ce culte à Amon. D’ailleurs les formes animales des dieux sont beaucoup utilisées à Deir el-Médineh.
Dossier Deir el-Médineh à paraître dans Pharaon Magazine n° 33
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