Comme chaque année, l’association égyptologique du Gard organisait sa grande journée, le 19 janvier dernier. Le thème fut le taureau.
La première intervention aborde le taureau dans l’iconographie prédynastique et les premières dynasties. Stan Hendrickx, spécialiste reconnu de la période prédynastique, nous présente son hypothèse. Durant longtemps, l’iconographie du taureau durant la période prédynastique avait peu intéressé les égyptologues. Le musée royal de Bruxelles possède une riche collection et des objets avec des taureaux. Comment interpréter cette iconographie qui est parfois peu réaliste ? Est-ce un langage visuel ?
Les sites prédynastiques possédaient peu de restes d’animaux. Des sites plus anciens, de la période badarienne, semblent plus intéresser par ces animaux sauvages.
À Hiérakonpolis, le site HK29A est reconnu comme un temple. La présence des animaux est dans un contexte précis et en dehors de la vie quotidienne. On trouve des images bovines sur des vases décorés. Mais ces images sont peu nombreuses et ne constituent pas un thème important de ces vases décorés.
La tombe u264 d’Umm el-Qaab a livré une poterie avec une scène de chasse d’un taureau sauvage. Nous trouvons ce thème de la chasse de taureau dans la fameuse tombe HK100 ou encore sur deux vases de la tombe U415.
Mais comment interpréter ces images ? Est-ce une chasse ou une image de pouvoir ? Le taureau pouvait être la matérialisation du pouvoir. Il est parfois très difficile de voir un taureau, car certaines représentations sont très stylisées.
Même si le taureau est finalement peu présent et une question se pose : est-ce un symbole de pouvoir ou est-ce un des éléments contrôlés par le pouvoir ? La palette de Narmer inclut le taureau comme symbole du roi même ce dernier est représenté de manière humaine. Sur la palette au taureau du Musée du Louvre, le taureau personnifie le roi et le pouvoir. Le chef / le roi n’est pas encore représenté sous une forme humaine.
On peut s’étonner de voir le taureau comme un symbole du pouvoir et être chassé. Ce paradoxe n’en est pas. Tout est une histoire de contexte. On peut faire un parallèle avec le lion : symbole de pouvoir et animal chassé. Peu à peu le taureau se répand dans l’iconographie : pied de meubles, têtes standardisées sur les palettes, comme la tête bovine de la déesse Bat.
Une autre iconographie étonne beaucoup : une tête taillée avec ce qui ressemble à des cornes. Pour Stan, les gens savaient de quel animal il s’agissait, on pouvait par conséquent styliser le taureau. Ces petits objets, que l’on présente comme des amulettes, on était pris pour des têtes de béliers ou d’éléphants. Le chercheur pense au contraire qu’il s’agit bien d’un bovin (taureau). Le bovin garde l’idée de pouvoir et s’y rajoute l’idée de protection.
(photo amulette : tête de taureau, Ashmolean Museum, Oxford. photo de François Tonic)
Cette protection se voit dans un étrange agencement de têtes bovines autour d’un grand mastaba découvert à Saqqarah, le mastaba S3504. La forme du crâne a été modifiée pour pouvoir y voir « voir » des amulettes. De vrais crânes sont-ils « enterrés » sous les têtes en terre crue ?
Un autre animal peut être mis en parallèle avec le taureau : le faucon. L’oiseau va devenir le symbole de la royauté. Ce dernier va s’imposer comme symbole de la royauté et protecteur du souverain.
Stan évoque ensuite une intéressante hypothèse : et si la boule de la couronne blanche était la déformation extrême des cornes de notre taureau ? Au départ, nous avions des cornes, puis la forme s’aggloméra pour former une boule qui fut finalement intégrée à la couronne blanche.
Mais finalement, cela ne répond pas à une question : quelle est l’origine de ces taureaux ?
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