Le 28 mai dernier, la section égyptologique de Bois d’Arcy proposait une après-midi très studieuse, avec un cycle de trois conférence : une sur le vin, une sur la maison en Egypte ancienne et enfin la dernière sur les fouilles sur les ports de la Mer Rouge. Résumé de la conférence sur le vin.
Le vin en Egypte ancienne
Pierre Tallet est revenu sur son sujet de thèse : le vin. Le chercheur rappelle que le vin est un paradoxe en Egypte. On le voit un peu parfois, notamment dans les décors de tombe mais ce n’est pas une boisson du peuple, contrairement à la bière. Et surtout, la vigne a été importée et acclimatée dès la période prédynastique car elle n’existait à l’état naturel. La tombe U-j du roi Scorpion stockait 700 jarres à vin du Proche-Orient, un siècle plus tard, les Egyptiens cultivaient la vigne et produisait du vin, notamment près de Memphis et du Delta. Incontestablement, le vin était une boisson de luxe pour les élites (fonctionnaires, riches propriétaires, etc.). A partir de la 4e dynastie, le vin est de plus en plus présent et les sources sont plus nombreuses. Et les tombes de l’Ancien Empire montrent régulièrement les viticoles bien connues dans les tombes du Nouvel Empire.
Cependant, si nous connaissons, par l’image, les étapes de la fabrication du vin (vendange, foulage, mise en jarre du liquide), les vestiges archéologiques, hormis les étiquettes de jarres à vin, sont inexistants. Le seul exemple de cuve de foulage est celui découvert sur le site de Tell Dab’a (ex-Avaris, dans le Delta). Mais l’iconographie évolue entre l’Ancien et le Nouvel Empire, montrant ainsi un perfectionnement des cuves de foulages.
Heureusement, nous possédons des textes qui nous renseignent un peu plus sur les pratiques viticoles sur la culture de la vigne, l’organisation des domaines et surtout la qualité du vin. Les Egyptiens distinguaient plusieurs qualités de vins : le bas de gamme (une sorte de vin de table) et la qualité supérieure. Ce dernier représentait un volume assez faible (10 % environ) et pouvait se conserver plusieurs années.
Le vin supérieure était le shedeh. Il était plus sucré et plus alcoolisé (peut être 16-17°). Ce dernier était sans doute obtenu par chauffage comme l’indique des sources textuelles tardives. Cela prouve la maîtrise des Egyptiens dans le processus de fabrication.
L’étude des étiquettes des jarres à vin a montré que de véritables domaines viticoles existaient et que l’organisation y était stricte (culture, zone de fabrication, zone de stockage). Ces étiquettes sont comme les étiquettes modernes : nous y trouvons une date, le produit contenu dans la jarre, la qualité du produit, le destinataire, localisation géographique du vin, le nom du chef vigneron.
En dehors du vin shedeh, nous trouvons la mention de vin nefer (bon), nefer nefer (bon bon), nedjem (doux et sucré). Le vin paour est la qualité la plus commune et est le vin de table par excellence des Egyptiens. Le paour représente la majorité de la production.
Une mention étrange a longtemps intrigué les égyptologues : la mention de nombre de jours, entre 2 et 25. Il semble bien que ces jours correspondent à la cuvaison, bref à la fermentation. Cela prouve une fois de plus, la connaissance des Egyptiens dans l’art viticole… La qualité du vin dépend de ces jours de cuvaison.
Les meilleurs vins se conservent plusieurs années. Ainsi dans la tombe de Toutankhamon, nous avons retrouvé du vin daté de l’an 5 du règne (la tombe ayant été scellée en l’an 9), mais aussi des jarres de l’an 10 d’Akhenaton (17 ans donc), et même du vin vieux de 37 ans ! Ce vin n’était peut être pas bon à la consommation mais était là pour le prestige de la date (sans doute).
L’étude des étiquettes donne aussi une idée de la répartition géographique de la production. Le Delta est la région la plus importante ainsi que la région de Memphis (sud du Caire). La production viticole était toujours proche des capitales et des zones de consommation, nous avons très peu d’indication de production en campagne. A Amarna, la vigne a existé durant le règne d’Akhenaton uniquement. Des villes comme Memphis, Amarna, Louxor nécessitaient de grandes quantités de vin pour la population.
Les décors des tombes nous montrent souvent la consommation de vin durant les banquets. Nous avons ici un art du vin, un art de boire, dans des situations précises. L’ivresse est appréciée mais pas n’importe quand. Et comme en Grèce et à Rome, le vin égyptien était sans aucun doute coupé avec de l’eau. Le vin produit était épais. Plusieurs enseignements mettent en garde les étudiants contre l’ivresse et la consommation excessive de vin.
Commentaires
Bonjour,Sur le titrage du
Bonjour,
Sur le titrage du vin
Il est quasiment certain que le vin titrait «AU moins » 17°; du temps de Jésus, il est prouvé que le vin titrait AU moins 25 °
Cordialement
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