Tombe de Toutankhamon : aucunes salles inconnues

Depuis l'été 2015, la saga Toutankhamon / KV62 rebondit. La dernière mission de prospection radar n'a rien donné et le ministère annonce l'absence de salles inconnues.

Petits rappels

Été 2015 :Nicholas Reeves, égyptologue anglais, publie un long article sur Néfertiti et explique que la tombe de Toutankhamon était en réalité une tombe royale creusée pour une reine et que des anomalies pourraient indiquer la présence de salles murées. L’égyptologue évoque Néfertiti. La grande reine est une des passions du chercheur anglais, mais il oublie d’évoquer les recherches les plus récentes autour de la reine. 

Septembre – décembre 2015 :après plusieurs semaines de suspense, de rumeurs, les autorités autorisent une mission courte pour analyser les murs de la tombe, d’abord visuellement, puis avec des technologies récentes pour mesurer les différences de températures et par géoradar… Salles inconnues ou pas ? Reeves se montre confiant, le ministère des antiquités est plus prudent, mais fini par être enthousiaste. En décembre, on annonce 90 % de chances qu’il y ait quelque chose (2 salles inconnues)… Et on promet de dévoiler les résultats  courant janvier 2016… On reparle de Néfertiti, de Kiya ou de Merytaton, sans le moindre indice. 

Mars 2016 :les semaines passent et les résultats attendus tardent à être annoncés. Finalement, il faut attendre mi-mars pour que le ministère annonce les résultats provisoires, oui il y aurait 2 salles inconnues, contenant, ou pas, quelque chose. Certitude : 90 %. Nous ne sommes pas plus avancés qu’en décembre 2015. Autre surprise de cette mission, l’annonce de possibles matières organiques et métalliques… Sauf que, le radar ne permet pas de déterminer la présence d’objets et encore moins leur matière (à la rigueur, on peut éventuellement détecter / supposer du métal)… 

Immédiatement, le ministère annonce une mission courte le 31 mars et une conférence de presse dès le lendemain !

Bilan de 6 mois d’annonces

Deux salles seraient cachées derrière une maçonnerie, mais les dimensions de ces salles sont inconnues. L’hypothèse Néfertiti a été relancée, mais sans aucun élément tangible. D’autre part, ces techniques ne permettent pas de dire si ce ne sont des salles creusées ou des cavités naturelles (la géologie de la vallée des rois n’est pas homogène et de nombreuses cavités naturelles existent) ni s’il n’y a des objets à l’intérieur et la fonction de ces salles. Une exploration archéologique sera indispensable, mais cette hypothèse n’a jamais été publiquement évoquée. Le sujet est sensible : comment ne pas détériorer la tombe et comment procéder à une exploration en minimisant l’impact sur le monument (caméra endoscopique, ouverture physique des salles par un accès détourné ?) ? 

Nous fûmes nombreux à nous étonner aussi de la rapidité à vouloir annoncer les résultats de la mission de mars, car l’analyse des données brutes nécessite un long travail. Et d’autres missions seront sans doute nécessaires pour compléter les données, voire, demander à des experts non impliqués dans la mission d’analyser les données. Le temps archéologique n’est pas le temps médiatique. 

31 mars : nouvelle mission

C’est durant la journée du 31 mars dernier qu’une nouvelle mission, limitée à 10 heures, a eu lieu pour confirmer, ou non, les précédentes analyses, en utilisant de nouveaux radars et des fréquences différentes, notamment pour tenter de découvrir l’épaisseur du mur. Le nouveau ministre des antiquités, qui a pris ses fonctions à peine une semaine avant, s’était montré très prudent dans une interview donnée au journal cairote, Al-Ahram, comme pour déminer le terrain et éviter les fausses joies. Il avait prévenu que de nouvelles analyses seraient nécessaires. 

1eravril : aucune confirmation, mais une nouvelle mission

Durant la nouvelle conférence, qui a eu lieu dans la vallée des rois, l’équipe a tenu à préciser que les résultats (préliminaires) du 31 mars n’étaient pas en contradiction avec les résultats de l’équipe japonaise (septembre – décembre 2015). Au total, 40 nouveaux scanneurs ont été réalisés, à différents niveaux, avec 2 radars différents et avec une capacité de pénétration (dans la roche), plus profonde. Les données brutes sont de bonnes qualités. Elles sembleraient confirmer les anomalies, mais il faudra attendre l’étude de ces données pour en savoir plus. 

Le ministre des antiquités a précisé qu’une nouvelle mission aurait lieu fin avril et que les résultats seraient étudiés par des experts internationaux, courant mai. Cette mission se déroulera à l’intérieur de la tombe, mais aussi à l’extérieur, au-dessus du tombeau. Cela permettra de croiser les données. 

Finalement cette mission ne donnera rien. Le ministère suspend les investigations. Mais courant 2017, on reparle d'une nouvelle mission russe ou d'une autre pays. 

Mai 2018 : une nouvelle courte mission est menée au printemps 2018 et les résulats sont annoncés début mai. Le ministère annonce qu'aucune porte ou salle n'a été détectée ou peut être confirmée. La pénétration sur 4 mètres ne montre rien. Les anomalies seraient dues à des signaux fantômes, soit d'origine naturelle, soit à cause des couches d'enduits et du sarcophage présent dans la salle funéraire.  

Cette annonce termine la saga KV62, pour le moment. Une nouvelle étude complète de la tombe sera la bienvenue pour comprendre son architecture et reprendre l'analyse des décors. Car Reeves avait raison de pointer les incohérences de la tombe dans sa publication de 2015.