Le ministère du tourisme et des antiquités a changé de ministre le 13 août dernier. Ahmed Issa dirigait une banque commerciale et n'a pas de formation historique ou archéologique. Jusqu'à présent tous les ministres et responsables des antiquités du conseil suprême des antiquités étaient archéologues / docteur en égyptologie.
Le ministère est donc plus habitué au monde de la finance et du commerce que de l'archéologie et du patrimoine. Il remplace El-Anany qui était reconnu pour son travail et ses compétences.
Difficile de comprendre cette annonce et comment il faut l'interpréter. Le ministère du tourisme et des antiquités est depuis sa création / fusion entre deux mondes : le tourisme et attirer le touriste et les antiquités donc liés au patrimoine et à l'archéologie.
Les précédents ministres ont eu à gérer la révolution de 2011 qui a provoqué un écroulement du tourisme en Egypte jusqu'à 2016/2017. Le tourisme s'était redressé à partir de 2017/2018 et connaissait une forte hausse avant la crise Covid qui a provoqué une grave crise. La saison 2021/2022 a été très bonne et la saison à venir, à partir de septembre, s'annonce très bonne aussi.
Le ministre ayant une forte connaissance du commerce, du marketing et de la finance a-t-il une mission d'accroitre les finances du ministère, de développer le tourisme ? L'enjeu des prochaines années est le Grand Musée Egyptien de Gizeh. Son ouverture sera à la fois politique et symbolique. Le coût astronomique de sa construction, plus de 1 milliard de $, ne tient pas compte du budget de fonctionnement et de son entretien. La rentabilité du futur musée est sans doute un enjeu pour le gouvernement égyptien et le ministère. Plus de 700 millions de $ viennent de prêts du Japon qu'il faudra rembourser, à terme. Le ministère doit réussir son ouverture mais aussi l'Etat égyptien, question de prestige.
El-Anany a multiplié les ouvertures de sites (temples, tombes, musées). Les travaux étaient lancés avant son arrivée mais il a su les faire aboutir. Et de nombreux nouveaux chantiers sont en cours partout en Egypte depuis 2019. A Saqqarha, de nombreux monuments seront ouverts dans les prochains mois et courant 2023.
Hormis le Grand Musée de Gizeh, il reste deux (gros) dossiers sensibles à régler :
- le musée gréco-égyptien d'Alexandrie toujours fermé
- le musée de Minya dont le gros oeuvre n'est toujours achevé malgré les déclarations
Enfin, comme à chaque changement de ministre, quel impact pour les missions archéologiques étrangères, notamment sur les protocoles administratifs qui ont tendance à l'alourdir année après année ? Aujourd'hui, elles sont moins de 300 à travailler dans le pays. La crise sanitaire a lourdement pesé sur les missions et certaines risquent d'être définitivement annulées.
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