Laurent Coulon a présenté début juin une conférence à l’association A.E.R.E.A (Le Chesnay, 78) sur les dernières recherches sur les chapelles osiriennes et particulièrement, une des plus grandes d’entre elles : celle d’Osiris Ounefer. Elle se situe sur la “route” entre le temple d’Amon et le temple de Ptah.
Karnak possède de nombreuses chapelles osiriennes. En effet, plusieurs secteurs osiriens existent : vers le temple de Ptah, Karnak Est. Ces chapelles datent du 1er millénaire. Elles se dédient à des formes particulières d’Osiris, en vogue à cette époque. Le temple d’Opet est un monument important dans ce dispositif car il illustre la naissance d’Osiris.
Depuis plusieurs années, les archéologues travaillent sur le secteur osirien près du temple de Ptah. Durant le 1er millénaire, des quartiers osiriens s’installent dans les temples. Les chapelles osiriennes, ne datant pas des mêmes dynasties et montrent l’évolution des styles et des cultes. Dans cette zone, nous trouvons un Osiris sauveur, un maître de la ville qui secourt le malheureux, Osiris Ounnefer ou encore un Osiris maître de l’éternité neheh (traduction incertaine). Ces chapelles mentionnent souvent les divines adoratrices d’Amon et l’architecture rappelle l’architecture des chapelles-tombes de ces femmes à Médinet Habou.
La chapelle d’Osiris Ounnefer date de la 26e dynastie et se situe dans une zone de Karnak où Osiris n’a pas marqué les lieux. Cependant, Laurent Coulon évoque un lien probable entre de grands constructions situées tout près du temple de Montou (au-delà de l’enceinte de Karnak), appartenant sans aucun doute à des divines adoratrices (palais ?) et le temple d’Amon. Les chapelles osiriennes pourraient se situer sur le chemin processionnel.
La chapelle d’Osiris Ounnefer était dans un triste état dans les années 2000 et les murs menaçaient de s’effondrer. La mission a du tout d’abord nettoyer toute la zone, effectuer une longue fouille du terrain, découvrant un complexe jeu de murs d’enceinte. Les murs ont été remontés et stabilisés. Au-delà de la fouille archéologue et de la mise en valeur du monument, la mission avait pour but de mieux comprendre le décor, d’en faire un relevé complet pour une publication. Plusieurs morceaux de portes furent retrouvés et partiellement remontés.
Sur les décors, un personnage est présent, le grand intendant Sheshanq A. Ce personnage n’est pas inconnu. Nous possédons sa tombe et il appartient à une famille d’intendant à l’instar d’Harwa, de Pabasa. Il est représenté au niveau des portes et fut peut-être un directeur des travaux. Malheureusement, l’état délabré depuis le milieu du 19e siècle du monument n’a pas aidé à la préservation des décors, plusieurs sont détruits ou très peu lisibles
Le décor est clairement séparé en deux grands thèmes : décor amonien et décor osirien (partie arrière). Le fétiche d’Abydos (symbole osirien par excellence) tenait une grande place dans le décor du fond. Par contre, le lien entre le fétiche et Osiris Ounnefer n’est pas clair. Car les textes évoquent le maître des aliments, le château des aliments, lieu où se trouvait la tête du dieu (qui était préservé dans le fameux fétiche d’Abydos). Les humeurs du dieu, sortant de sa tête, servaient à fertiliser les sols et les aliments. Nous trouvons cette symbolique à Abydos, mais aussi à Karnak, dans la chapelle d’Osiris Ounnefer.
Durant les fouilles, de nombreux fragments d’objets furent découverts et notamment une jarre, enterrée. Elle contenait des objets votifs. Il se pourrait qu’il puisse s’agit des ennemis que l’on contient dans une jarre, comme pour les neutraliser.
Le secteur de la chapelle continua sa vie sous les Ptolémée. Des ateliers monétaires y furent installés et surprise, les ouvriers y fabriquaient de la fausse monnaie ! À l’époque romaine, de nouvelles installations sont construites. Mais la fonction de la zone n’est pas très claire, peut être un lieu de perception des taxes.
Commentaires
Publier un nouveau commentaire