Lors d’une guerre, d’une campagne militaire ou d’inspection, il y a un détail à ne jamais oublier : le temps nécessaire entre un point A et un point B. Combien de semaines faut-il à une armée égyptienne pour atteindre la ville de Qadesh en pleine Syrie ou encore Megiddo, importante ville de Palestine ?
Par François Tonic
Partir en guerre durant l’Antiquité était une aventure minutieusement préparée et planifiée. Si sous les Ramsès, d’immenses arsenaux et casernes étaient disponibles pour les armées, il fallait tout de même mobiliser les différentes unités, préparer l’armement, planifier la campagne militaire, les déplacements, établir la logistique et l’approvisionnement. Avant même le départ des premiers soldats, plusieurs mois s’étaient écoulés.
Les stratèges égyptiens et les officiers devaient prendre en compte la marche de l’armée et calculer le temps nécessaire pour chaque déplacement. Bien que nous n’ayons pas de décomptes précis de chaque déplacement, plusieurs textes historiques du Nouvel Empire nous aident.
Les moyens de transport
L’infanterie, constituant l’essentiel des armées antiques, marche. La charrerie est plus mobile avec les chars tractés par des chevaux. Les chariots lourds et les ânes sont utilisés pour le transport du matériel, la logistique (armes, ateliers mobiles, tentes, etc.), le ravitaillement (nourriture, grains, boissons, eau).
Les bateaux peuvent être utilisés pour aller en Nubie et parfois pour rejoindre les côtes palestiniennes ou syriennes et y transporter rapidement des troupes et/ou du matériel
Pas d’autoroute, mais du sable
Autre facteur influençant la vitesse de déplacement, les routes ! Le réseau routier n’existe pas. Il faudra attendre les Romains pour voir apparaître des routes standardisées et pavées. À l’époque des pharaons, les routes qui sillonnent l’Égypte, le Sinaï et le Proche-Orient sont des sentiers, des pistes. Ce sont des itinéraires connus ou reconnus à l’avance.
Les Égyptiens savaient construire des tribunes et quais d’accostage, notamment devant les temples. Pour les ports de commerce et militaire, nous connaissons peu de chose. Des jetées ont pu être aménagées pour protéger les zones d’accostage. Il est possible que certains grands ports possédassent des quais en dur (en bois ou en pierre) comme sans doute à Amarna. Cependant, ces constructions pouvaient être limitées aux quais royaux ou aux ports militaires.
20 et 25 km par jour
De nombreux égyptologues et historiens militaires évoquent qu’une armée antique, notamment égyptienne, pouvait parcourir 20 km par jour. Ceci est une moyenne. Ainsi pour rejoindre la Palestine et l’importante ville de Gaza, depuis la frontière égyptienne fixée à Tjarou (limite orientale du Delta du Nil), il fallait environ 10 jours pour parcourir la distance de 220 km. Soit une marche de presque 25 km/jour. Le terrain étant connu et sécurisé par une série de fortins et de forteresses
La vitesse de déplacement était liée à de nombreux facteurs : qualité des chemins, chaleur, le nombre de soldats, les animaux emmenés qui peuvent ralentir la marche. Faire déplacer 5 000 hommes ou 10 000 ce n’est pas du tout la même chose. Et pour ne pas trop étirer les colonnes, il faut un minimum de discipline et un pas cadencé.
Prenons par exemple la campagne militaire de Thoutmosis III contre la ville de Megiddo. L’armée égyptienne après son rassemblement rejoint Tjarou puis Gaza avant de s’engager en Palestine. On constate (tableau) que la progression est divisée par deux. Comment expliquer une telle lenteur ? Sans doute à cause du terrain et des précautions dans les déplacements, car la région n’était peut-être pas acquise aux Egyptiens depuis les rébellions des princes et des villes. Surtout, les Egyptiens traversaient des terrains inconnus en Égypte faits de reliefs montagneux et de collines, de forêts et traversés de rivières.
Trajet :
Tjarou-Gaza : environ 220 km – 10 jours
Gaza-Yehem : environ 115 km – 11 jours
Yehem, rassemblement : 0 km, 1 journée
passe d’Ârouna (mont Carmel) vers Megiddo : 15 km – 1 journée
Un camp fortifié chaque soir ?
Comment l’armée égyptienne se reposait et dormait-elle ? Les grandes représentations de la bataille de Qadesh (5e année de règne de Ramsès II) montrent le camp égyptien avant le grand combat, du moins, le campement royal. Celui-ci est entouré d’une palissade faite de boucliers avec une grande tente au centre pour la famille royale. Plusieurs petites tentes sont visibles. Les soldats de la garde devaient vivre dans la zone. Autour, le reste de l’armée devait dormir comme il le pouvait.
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