Caire : le nilomètre de Rhoda

A la pointe Sud de la grande île de Rhoda, au Caire, un monument islamique est ignoré de la plupart des touristes qui visitent la capitale égyptienne, le nilomètre. Et pourtant c’est un des très rares monuments dans son aspect primitif.

Ce monument porte le numéro 79 de l’inventaire des antiquités égyptiennes. Sa fondation date de 861 de notre ère (il est possible qu’il soit plus ancien). Le nilomètre en lui-même : son creusement, sa maçonnerie et la colonne de marbre remontent au 9e siècle avec peu ou pas de modifications. Seul le bâtiment le protégeant est un rajout de la période turque. Il n’est plus en fonction depuis 1899. A cette époque, les conduites d’eau furent bouchées.

Le nilomètre permet de mesurer la hauteur du Nil, notamment lors des crues annuelles du fleuve (août-septembre). Il a été régulièrement endommagé mais à chaque fois réparé. Les graduations se situent sur une superbe colonne de marbre maintenant par une épaisse poutre. Les eaux du Nil se déversaient dans la fosse par des ouvertures légèrement obliques pour éviter que la force de l’eau ne puisse casser la colonne haute d’une dizaine de mètres.

L’architecture ancienne est très intéressante : maçonnerie, colonne centrale. Notez aussi la présence d’arches pour consolider et alléger la structure. Ce type d’arche n’apparaîtra en Europe que plus tard. Parmi les inscriptions, on retrouve des versets du Coran en kufique. Le nilomètre a une fonction publique importante. Selon les époques, il permettait de déterminer les taxes à prélever.

La colonne centrale possède plusieurs graduations : des grandes et des petites. En tout, elle est divisé 19 « mesures ». L’inondation idéale est la graduation 16.

L’accès est facile : en traversant l’île ou en s’arrêtant près d’un élégant pont reliant la rive droite à l’île. Le monument ouvre à 8h30 et ferme à 16h. 

photos : © François Tonic / Valérie Turmel, 2013