Il y a quelques semaines, Pierre Tallet a dévoilé les dernières fouilles sur le site de Ouadi el-Jarf lors d’une passionnante conférence à l’association A.E.R.E.A (Le Chesnay), présidée par Madeleine Peter-Desteract.
Il y a deux ans, Pierre Tallet était déjà venu présenté les fouilles, depuis, deux nouvelles fouilles ont été effectuées, une nouvelle fouille sera organisée en 2016. Le site est relativement vaste et comprend en réalité 4 zones dont la zone des galeries et les installations portuaires. Les galeries étaient utilisées pour stocker les navires lorsque le port n’était pas en activité.
La découverte la plus importante est un lot de papyrus, parfois très fragmentaires, datant tous du règne de Khéops. En tout, ces fragments représentent sans doute 12 à 15 documents mais malheureusement, une grande partie de ces documents ont été détruits. Une des difficultés a été de dérouler et d’aplanir les papyrus parfois très fragiles, ou très petits. Mais certains fragments sont en excellent état et très lisibles. La découverte représente une centaine de fragments. Durant les fouilles 2014-15, de nouveaux fragments ont été découverts.
La zone portuaire (avec sa jetée et des constructions en bord de mer) a été fouillée en 2014-15. Plusieurs marques au nom de Khéops et au nom de sa pyramide (Horizon de Khéops) ont été découvertes et confirment la forte activité du Ouadi el-Jarf sous Khéops. Plusieurs tombes ont été dégagées mais très dégradées. Cette fouille confirme la qualité de construction de la jetée, un élément très originale pour un site pharaonique.
Un véritable journal de bord
Pour Pierre Tallet, les papyrus découverts sont de véritables journaux de bord d’équipages faisant la liaison entre le Ouadi el-Jarf et les carrières et mines du Sinaï mais ces équipages effectuaient aussi des missions sur le Nil. Les papyrus nommés A et B sont importants et évoquent une équipe précise et représente plusieurs mois d’activité. Les documents évoquent les mois, les semaines et les jours. Nous sommes à la fin du règne de Khéops et évoquent le chantier de la pyramide royale.
Le papyrus C évoque un site exceptionnel : un port sur la Méditerranée. Mais malheureusement le document est trop fragmentaire pour en connaître la nature exacte.
Les papyrus évoquent donc les trajets des navires entre les carrières de calcaire de Tourah et le chantier de la pyramide à Gizeh. Ils évoquent des allers-retours, parfois des trajets rapides, parfois, plus lent.
Surtout, les documents évoquent des installations du complexe de Khéops à Gizeh, notamment dans l’environnement du temple bas, disparu depuis longtemps. Les textes évoquent ce qui semble être une digue “ro-ché khoufou”. Une curieuse référence évoque des pieux de la jetée de cette installation. Pierre Tallet pense qu’il faudrait revoir l’organisation du plateau de Gizeh.
Les fouilles de Lehner ont prouvé l’existence d’un système hydraulique complexe avec des canaux, des bassins et avec plusieurs niveaux. Des koms (constitués de la terre sortie durant l’excavation des aménagements hydrauliques). Pierre Tallet pense que les papyrus évoquent l’ouverture d’un canal pour la mise en eau du système hydraulique et que l’opération nécessite une équipe nombreuse. Le chantier proprement se situe sans doute à proximité.
Le papyrus B couvre environ un mois de travail. Les textes évoquent un bassin de Khéops et de plusieurs rotations des navires entre les carrières de Tourah et une destination plus au nord : le navire navigue 20km, cherche du pain à Heliopolis (près du Caire moderne). Il s’agit d’un gros pain qui se conserve longtemps. Il s’agit sans doute du salaire de l’équipe représentant une tonne de pain pour des rations de 800 grammes par jour et par personne. L’équipe croise une autre équipe et évoque une autre construction de Khéops : les chapelles de l’Horizon de Khéops, peut être le temple bas du roi.
Nous ne connaissons pas la forme de ce temple mais Pierre Tallet s’interroge une possible ressemblance avec l’alignement des chapelles chez Djoser (Saqqarah).
L’étrange papyrus C
Le papyrus C évoque une mission effectuée durant 2 mois dans le Delta pour construire un double djadja et mentionne des lieux comme ra-maa et ro-our des marais. Ce dernier pourrait être la branche du Nil de Damietta. Il est prouvé que le Delta n’avait pas du tout la forme géographie qu’aujourd’hui et que la Mer était en réalité bien plus basse qu’actuellement.
Le djadja est quelque chose que l’on connait mal. Il s’agit peut être d’une surface plate, dépendant d’un temple, surplombant une branche du Nil, peut être une jetée avec un port. Il s’agit en tout cas d’une fondation de Khéops.
Pierre Tallet a annoncé que la première publication des fouilles et des papyrus sera éditée par l’IFAO mais il reste encore énormément de travail, il reste plusieurs centaines de fragments à restaurer, classer, déchiffrer et analyser.
Commentaires
y-a-t-il une salle sous le
y-a-t-il une salle sous le Sphinx ?
bonjour, non aucune preuve ne
bonjour, non aucune preuve ne permet de dire qu'il existe une salle sous le sphinx. c'est une théorie que l'on entend souvent mais qui repose sur aucun élément archéologique ni aucun texte.
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