Collectif, Sésostris III : pharaon de légende, Snoeck, 2014
A l’occasion de l’exposition Sésostris III de Lille, un magnifique ouvrage a été édité. Il rassemble bien entendu les principales œuvres exposées et un catalogue des objets. Mais en réalité, il ne s’agit pas d’un catalogue d’exposition au sens propre du terme. Il faut voir cet ouvrage comme la synthèse la plus récente sur ce pharaon et la société égyptienne de cette époque. Une compilation particulièrement intéressante, car le Moyen Empire est peu connu du public. Les différents articles abordent l’art, l’ensemble du règne, la politique extérieure, la littérature, les grands monuments du pharaon, l’urbanisme, le culte des morts. Avec à chaque chapitre, une mise en avant d’objets liés à ces sujets.
S. Snape, the complete cities of ancient egypt, AUC Press, 2014
Ce nouvel opus de la collection « the complete… » aborde un sujet peu connu : les villes de l’ancienne Égypte. L’auteur revient tout d’abord sur la naissance des villes dès la période prédynastique puis le développement urbain qui s’en suit, tout en fournissant une définition de la ville. La ville se caractérise par plusieurs critères très précis tels qu’une élite non issue de l’agriculture, un commerce actif, une concentration administrative, la spécialisation des artisans, des institutions propres à la ville. L’auteur aborde aussi le développement de la ville, sa construction, ses origines royales (la ville égyptienne est-il forcément une ville d’initiative royale ?), les mots pour désigner la ville ou encore sa population (la démographie égyptienne demeure une sujet sensible faute de données précises). L’évolution de la ville selon les époques est abordée, la ville gréco-romaine bénéficie d’un chapitre à part. Enfin, l’auteur liste les principales villes connues, région par région. Cet ouvrage offre un panorama très intéressant même si l’archéologie n’a pas toujours apporté toutes les réponses. L’hygiène publique et la santé sont deux sujets quasi absents du livre. Malheureusement, il est disponible uniquement en Anglais !
S. Cauville, La vallée des rois, Peeters, 2014
Sylvie Cauville poursuit ses itinéraires de visite avec la vallée des rois, après l’excellent guide sur les temples de Philae. La chercheuse veut nous faire pénétrer dans un univers parfois obscur pour le profane afin de comprendre les différents livres sacrés et de savoir comment ils s’articulent dans les tombes royales. Une excellente lecture.
François Tonic, la tombe royale d’Akhenaton, Nefer-IT, 2014
Monument méconnu et souvent peu considéré, la tombe d’Akhenaton à Amarna est pourtant un des monuments les plus importants de la période amarnienne. Premier livre entièrement consacré à ce monument, en Français, l’auteur décrit l’architecture, le chantier et les évolutions du plan, le contenu de la tombe. Les décors sont décrits scène par scène. Enfin, l’auteur revient sur les différentes inhumations, l’enfant à la nourrice et son identité. À la fois beau livre et guide archéologique. Incontournable pour tous les passionnés d’Akhenaton. Disponible à la librairie Cybèle (Paris), Musée du Louvre, amazon.fr et sur nefertit.fr
C. Bonnet, La ville de Kerma, Favre, 2014
Durant 27 ans, Charles Bonnet a consacré toute son énergie à faire revivre l’un des plus grands et puissants royaumes d’Afrique : Kerma. Avec la collaboration de Dominique Valbelle, C. Bonnet poursuit les publications scientifiques sur les fouilles et les résultats de Kerma avec ce nouvel ouvrage. L’auteur débute par une présentation de la ville et du site ainsi que des techniques de construction. Puis, il s’agit de reprendre les travaux effectués secteur par secteur. On comprend mieux les évolutions successives selon les différentes périodes historiques de Kerma et comment était organisé et structuré la grande cité. Particulièrement intéressant, un chapitre entier est consacré aux défenses de la ville. Et là encore, l’archéologie a permis de comprendre l’évolution des défenses et fortifications selon les époques. Passionnant à lire bien que ce livre se dédit aux lecteurs avertis.
C. Carrier, Le papyrus Bremmer-Rhind, Tome 1, MdV éditeur, 2014
Tous les passionnés d’écritures hiéroglyphiques et des textes égyptiens connaissent le travail de Claude Carrier, notamment avec la publication des textes des pyramides. L’auteur présente un papyrus datant de 311 avant notre ère. C. Carrier propose ici une nouvelle traduction de différents textes. Dans ce premier volume, l’auteur se concentre le premier texte celui des complaintes d’Isis et de Nephtys qui font partie des textes relatant la mort et la renaissance du dieu Osiris après son meurtre par son frère, Seth.
Dernière minute : Claude Carrier a récemment sorti deux nouveaux livres
- le décret pour l’Igéret
- les papyrus du livre des morts de l’égypte ancienne de Neferoubenef et de Soutymès
A. Marshall, Être un enfant en Égypte ancienne, Éditions du Rocher, 2014
L’enfant est une des bases fondamentales de la société égyptienne. Il est régulièrement représenté dans les tombes, mais que sait-on réellement de l’enfant en ancienne Égypte ? Quelle place tient-il dans la famille, dans la société pharaonique ? Comment l’enfance est-elle vécue ? Va-t-il à l’école ? Quelles différences entre les enfants du peuple et des élites ?
L’enfant, comme dans toute civilisation, doit affronter de nombreux dangers dès sa naissance : mortalité infantile élevée, malnutrition, maladies, etc. Il est donc protégé, notamment par les amulettes magiques. Les enfants des élites, ou des familles plus aisées que les paysans des campagnes auront de meilleures chances de survivre. Amandine Marshall aborde dans ce livre un sujet rarement évoqué. L’égyptologue reprend l’ensemble du dossier pour dresser un panorama le plus complet possible. On en apprend beaucoup sur l’image de l’enfant, les vêtements, les coiffures, la nutrition. Nous avons particulièrement aimé l’enseignement et la description du système éducatif de l’Égypte ancienne : les différentes écoles, les disciplines enseignées…
R. Kuper, Wadi Sura – the cave of beats, Heinrich-Barth Institut, 2014
Une des plus belles publications scientifiques de l’année ! Le Gilf Kébir (au sud-ouest de l’Égypte) est une des régions les plus surprenantes par sa géologie et les nombreux sites préhistoriques, et la liste s’allonge chaque année.
La grotte des bêtes fut découverte en 2002. Elle attire préhistoriens, égyptologues, historiens de l’art et touristes. Tout d’abord, Rudolphe Kuper fait un historique des découvertes au Wadi Sura puis essaie de replacer la grotte en comparant le style des décors avec d’autres sites importants. Cette grotte est-elle contemporaine des autres sites du Wadi Sura ? À quelle culture locale appartient la grotte ? Le chercheur revient longuement sur la géologie du site, sa préservation et les risques actuels, notamment les dangers d’un tourisme trop intrusif.
Impossible de ne pas tenter de rapprocher la grotte des bêtes aux premières cultures nilotiques, nous sommes bien avant la naissance de la civilisation pharaonique. Quels liens pourraient exister entre le Wadi Sura et le Nil ? Peut-il y voir des formes archaïques de symboles purement égyptiens ? Plusieurs scènes peuvent rappeler des représentations égyptiennes : la dévoreuse lors de la pesée de l’âme du défunt (livre des morts), le chef/le roi massacrant des ennemis, Nout (le ciel) et Geb (la terre). L’auteur se montre très prudent. La 2e partie de l’ouvrage est la couverture photographique complète de la grotte et de tous les décors. Une publication de référence.
T. Stasser, la mère royale Seshseshet, Editions Safran, 2013
Entre la mort d’Ounas et le couronnement de Pépi Ier, une certaine confusion règne au sommet du pouvoir égyptien. Téti semble faire face à des opposants, qui finiront peut être par l’assassiner, Ouserkarê monte sur le trône sans que l’on sache d’où il vient exactement, Pépi Ier, conclut cette période et persécuta la mémoire d’Ouserkarê, de nombreux fonctionnaires et de la reine Seshseshet, mère de Téti et sa propre grand-mère. De nombreuses questions demeurent : Ounas a-t-il assassiné ? Qui est cette reine Seshseshet ? A-t-elle voulu favoriser un autre fils de Téti que Pépi (pourtant l’aîné du roi) ? Comment et pourquoi Ouserkarê accède-t-il au trône après l’assassinat de Téti ? L’auteur propose ici une synthèse de la période même si nous pouvons regretter l’absence d’approfondissement sur le règne d’Ouserkarê. Cependant, l’auteur propose, en Français, un état des lieux de nos connaissances. Pour aller plus loin, vous pouvez consulter Conspiracies in the egyptian palace de Naguib Kanawati.
Archéo-Nil n° 23 — 2013, Editions Cybèle, 2013
Archéo-Nil est la revue scientifique de référence sur la préhistoire et la période prédynastique de l’ancienne Égypte. Chaque année, la revue propose un recueil d’articles faisant le point sur les dernières recherches. Ce n° 23 est dédié à Jean Leclant, égyptologue français qui a beaucoup travaillé au Soudan. Parmi les articles, citons l’apport de l’archéozoologie dans l’étude des animaux durant le néolithique égyptien. Plus surprenant, une étude sur les mégalithes en Afrique nord équatorial !
collectif, Les momies égyptiennes, fayard, 2013
Les momies égyptiennes fascinent le monde depuis des siècles. Les auteurs reviennent sur la momification, son fonctionnement, sa pratique et l’évolution des techniques à travers les âges, les objets liés à la momie. Mais l’ouvrage n’oublie pas un personnage important : l’embaumeur. Très instructif, avec de nombreuses illustrations, ce livre est une excellente initiation à la momification égyptienne.
F. Servajean, Mérenptah, Pygmalion, 2014
La période qui s’ouvrit à la mort de Ramsès II a laissé sceptiques de nombreux égyptologues. La succession de Mérenptah est d’une rare complexité : Séthy Ier, Siptah, Taousert, Sethnakht. L’auteur reprend les sources (textes, documents divers, iconographies) pour tenter de comprendre ces années troubles. Il expose point par point les différentes théories et tente d’y voir plus clair. Il faut parfois plusieurs lectures pour bien saisir les enjeux et les protagonistes. Sur le règne de Mérenptah proprement dit, l’auteur passe assez rapidement. Il a le lourd héritage de Ramsès II et les ennemis de l’Égypte essaient de profiter de la mort du grand pharaon pour envahir l’Égypte ou tout simplement pour conquérir les territoires sous son contrôle. Cet ouvrage se lit très bien, le style est agréable et clair. Les illustrations sont nombreuses
M. Juret, Etienne Drioton, Gérard Louis, 2013
Oublié du grand public, le chanoine Etienne Drioton est une des grandes figures de l’égyptologie française de la première moitié du 20e siècle. Il naît en 1889 à Nancy. Ces premières passions égyptiennes apparaissent dès l’âge de 11 ans. En 1919, il devient professeur de philologie égyptienne et copte à Paris. Il découvre la vallée du Nil en 1924 et dès lors, l’Égypte ne va plus le quitter. Il va activement travailler sur les sites de Tod et de Médamoud (près de Louxor). Il devient en 1936 le directeur des antiquités de l’Égypte. Ce n’est pas pour autant que Drioton ne voyage pas dans tout le pays. On le retrouve sur les sites de Gizeh, Saqqarah, Karnak, en moyenne Égypte. On le retrouve tout naturellement à Tanis lors de la découverte des tombes royales. Ce sera d’ailleurs une source d’inquiétude pour le chanoine, car avec la guerre en Europe, de nombreux objets seront volés dans les réserves archéologiques de Tanis. Puis nous suivons l’après-guerre et la révolution égyptienne de 1952 qui va stopper net la carrière de Drioton comme directeur des antiquités. L’auteur s’appuie sur les nombreuses lettres pour nous faire vivre la longue carrière de Drioton et son inlassable travail pour organiser, archiver, cataloguer les trésors de l’Égypte. Une belle aventure humaine !
C. Vandersleyen, Le rapport d’Ounamon, Editions Safran, 2013
Voici un des plus fascinants récits de l’ancienne Égypte : le papyrus d’Ounamon. Rédigé vers 1065 av. J.-C., ce document exceptionnel fut découvert sur le site de El-Hibeh, en Basse Égypte. Malheureusement, l’auteur, qui serait Ounamon lui-même, s’arrête brutalement, sans finir la rédaction. Qui était Ounamon ? Pourquoi aucun pharaon n’est mentionné, uniquement une date (l’an 5) ? Sa mission est simple : acheter du bois pour la barque sacrée d’Amon. Sa mission est ordonnée par le grand prêtre d’Amon, Hérihor. Et on rencontre aussi les deux hommes forts du Nord, installés à Tanis : Smendès et la reine Tentamon. Claude Vandersleyen analyse le texte, le contexte et la géographie du récit. L’égyptologue n’hésite pas à remettre en cause l’histoire officielle. Ounamon est-il réellement allé à Byblos, à Tyr et à Chypre ? Ne faudrait-il pas avoir une autre lecture et rapprocher du Delta oriental les aventures d’Ounamon ?
Malgré quelques redites inutiles, la lecture est agréable. Le chercheur fournit un travail précis et remarquable par la documentation rassemblée. Que l’on soit d’accord ou non avec les analyses de C. Vanderlseyen, elles posent d’intéressantes questions qui mériteraient de nouvelles recherches approfondies.
Commentaires
Bonjour,A propos de la
Bonjour,
A propos de la biographie d'un grand égyptologue du XXe siècle
"Etienne Drioton, l'Egypte, une passion" auteure Michèle Juret, Préface Olivier Perdu, éditeur, Gérard Louis.
Je me permets de vous signaler une émission diffusée sur Demain TV "L'Essonne en auteurs, une Ville des Livres", interview de l'auteure par Emmanuel Couly, enregistrée au Musée Josèphe Jacquiot à Montgeron. Elle est encore visible en podcast sur Youtube
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