Mohamed Ibrahim Ali, ancien ministre des antiquités, a présenté au Louvre sa mission archéologique au Serapeum de Saqqarah. Il revient tout d’abord sur le sens du mot serapeum qui est un mot grec et vient d’une déformation d’Osiris Apis (pour Serapis). Strabon est le premier à utiliser un terme précis pour désigner ce monument si particulier de Saqqarah. Enfin, Mariette emploie pour la première le terme actuel : Serapeum, avec le « m » à la fin.
La conférence est revenue sur le rôle de Mariette et les différentes missions que le François y mènera à partir de 1851. Il découvre les grands souterrains en premier. En 1852, il dégage l’entrée des petits souterrains. Puis enfin, il découvre plusieurs tombes de taureaux Apis, isolés et non inclus dans des souterrains. Ce sont les premières tombes d’Apis connues et datent de la 18e dynastie et du début de la 19e. C’est sans doute sous Ramsès II que les premières galeries sont creusées. Le Serapeum est en activité jusqu’aux Ptolémée.
Mariette découvrit des milliers d’objets, des dizaines de sphinx, plusieurs centaines d’objets sont au musée du Louvre, dont une des portes du monument et plusieurs sphinx provenant de la longue allée sacrée portant de la palmeraie au Serapeum. Il découvrit 1200 stèles, dont 800 sont au Louvre. 300 nouvelles stèles complètent la collection.
Mohamed Ibrahim Ali a fouillé le monument au milieu des années 80. À cette époque, le monument était peu accessible, en partie ensablé et très fragile. La fouille débuta par les grands souterrains pour dégager entièrement le monument et retirer la maçonnerie bloquant les portes I et II. Ces portes permettaient l’accès aux galeries. Mais Mariette avait ordonné de les murer.
La fouille a permis de découvrir de nombreux objets dont des oushebti et surtout des blocs décorés appartenant à un monument au nom de Khaemouaset, le célèbre fils de Ramsès II. Un autre bloc a intrigué Mohamed Ibrahim Ali : le nom de la mère du prince, Isisnofret, y est été gravé. Pour le fouilleur, cet élément pourrait peut être indiqué que la tombe de la reine serait à chercher à Saqqarah et non à Louxor, mais les indices sont minces pour l’affirmer.
La fouille de Mohamed Ibrahim Ali au niveau de la descenderie d’accès et des portes I et II a permis de découvrir un aménagement que Mariette n’avait pas vu : 4 marches taillées dans la roche. Pour Mohamed Ibrahim Ali, cette modification d’accès était nécessaire pour transporter à l’intérieur des galeries les grands sarcophages de granit des taureaux qui ne pouvaient pas passer par la descenderie d’origine en forme de chicane. Pour faciliter ce transport, les Égyptiens ouvrirent un autre accès. Si les premiers cercueils étaient « petits », à partir des 21e et 22e dynasties, les sarcophages sont énormes. Peut-être que les Égyptiens remplissaient une partie de la chicane d’accès de sable pour faire descendre le sarcophage.
En 1986, Mohamed Ibrahim Ali ouvrit les petits souterrains, pour la première fois depuis Mariette. Cette partie du monument était dangereuse et comblée. Il a fallu vider les remblais et s’assurer de la stabilité de l’ensemble. Cela a permis de confirmer les plans de Mariette et d’ajouter de nouveaux éléments architecturaux tels qu’un nouveau pilier, près de la chambre Z. Et surprise, un décor dessiné à l’encre a été découvert ! Il date du règne de Chéchanq V.
L’exploration des maçonneries rajoutées tardivement a permis de découvrir 73 nouveaux stèles, réemployées dans ces murs. La chambre Z a été entièrement vidée. Cette salle possède plusieurs cavités et surprise, la mission a découvert une série d’oushebti dans les déblais.
L’autre surprise fut la découverte de vestiges d’enduits décorés, éléments rares au Serapeum.
Mohamed Ibrahim Ali revient sur les récents travaux, sans les détaillés, dans les grands souterrains. Le projet de restauration fut élaboré en 2001 et validé en 2003. En 2012, le Serapeum fut officiellement ouvert au public. L’ancien ministre évoque le souhait de faire la même chose pour les petits souterrains et pourquoi pas les ouvrir à la visite.
La conférence a été rapide et malheureusement, certaines photos passées trop vites pour pouvoir apprécier les objets. Dommage que Mohamed Ibrahim Ali n’ait pas plus évoqué la fouille proprement dite et les analyses des résultats obtenus qui auraient sans aucun doute apporté d’intéressants compléments.
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