Pétosiris était originaire d’Hermopolis (Ashmunein). Il avait de nombreuses fonctions religieuses, la plus importante étant celle de grand prêtre de Thot. Le dieu Thot était le dieu principal d’Hermopolis et de sa région.
Il meurt durant la 2e moitié du 4e siècle av. J.-C. La qualité de son tombeau et de son mobilier funéraire (principalement son cercueil incrusté de pâtes de verre) prouve l’importance du personnage. Le tombeau devint un lieu « touristique ». Plusieurs dizaines de graffitis grecs ont été gravés par des voyageurs. Mais la tombe fut pillée au plus tard au 1er siècle av. J.-C.
Ce tombeau est important, car c’est l’exemple le plus complet actuellement connu du milieu du 4e siècle. Pourquoi et comment Pétosiris a-t-il été influencé par la culture grecque ? Où les décorateurs du tombeau ont-ils appris ou connu les figurations et le style grec ?
Une architecture pharaonique
La tombe ressemble à un temple égyptien, un mini-Denderah avec ses deux salles et sa façade à colonnes. La 2e salle (b) est soutenue par des piliers et un puits donne accès au caveau souterrain comprenant plusieurs vastes salles. La tombe a été découverte sous le sable de Thuna el-Gebel en 1919 par l’archéologue français Lefebvre. Il put remonter un grand nombre de blocs écroulés et compléta le bâtiment par des matériaux modernes. L’ensemble était plutôt bien préservé, surtout les couleurs de la 2e salle.
Gustave Lefebvre, le découvreur de la tombe, indique dans son étude du monument qu’au départ, seule la chapelle funéraire existait. La 1re salle fut rajoutée dans un deuxième temps. Si la chapelle est dédiée à son frère et à son père, le pronaos est uniquement dédié à Pétosiris.
La 1re salle (le pronaos)
Cette première salle (a), plus haute et plus large que la 2e salle, reprend des thèmes traditionnels : scènes agricoles, scènes viticoles, travaux artisanaux, le défunt surveillant le travail.
Débutons notre visite par la gauche après être entré. Après la première colonne, nous voyons dans les deux décors du haut la préparation de l’encens (1) : de la réception de la matière première à sa préparation. Au-dessus, des menuisiers travaillent sur des meubles alors qu’en bas, des artisans terminent d’assembler un meuble cultuel. Le mur suivant est encore plus intéressant (2). Des menuisiers coupent et percent des planches de bois pour les meubles. Dans la partie supérieure, des préparateurs s’occupent de l’encens.
Sur le grand mur de l’extrémité gauche de la salle (3), les grandes scènes agricoles sont animées et pleines de vie. Malheureusement, la partie supérieure est détruite. Mais les reliefs, de belle qualité, préservent leurs couleurs. Les décors du milieu et du haut montrent la moisson du blé : coupe des céréales, battage des épis, arrachage et transport sur des ânes. Les scènes du bas racontent le labour des champs puis les semailles par les paysans. Sous un arbre, Pétosiris regarde et discute avec un contremaître. Les vêtements des hommes et des femmes ne sont pas égyptiens, mais plutôt grecs. Les coiffures des personnages sont, elles aussi, étrangères.
Si nous continuons, nous arrivons sur un long hiéroglyphe (4). Il s’agit d’une partie de la biographie de Pétosiris. Le prêtre a fait graver sa vie, son œuvre à Hermopolis et comment il a réparé les temples, ordonné de nouveaux chantiers et redonné une prospérité économique et religieuse à la région. Nous arrivons maintenant sur la façade de la 2e salle (5) qui reprend la forme d’un pylône (l’entrée typique des temples égyptiens). Là, le fils (Zeho) et le petit-fils (Pedekem) de Pétosiris sont debout, devant Pétosiris et sa femme. La frise en bas du mur montre un défilé d’offrandes (fleurs, animaux, vases). Là encore, observez les habits peu égyptiens des personnages.
Dépassons la porte pour rejoindre la seconde moitié de la façade de la 2e salle. Ici, Pétosiris et sa femme sont assis et trois de leurs filles rendent hommage à leurs parents (6). En dessous, des scènes de sacrifices qui n’ont rien d’égyptiennes ni dans les rites, les personnages et leurs vêtements. Surprenant ! Pourquoi Pétosiris a-t-il autant montré de scènes non égyptiennes ? Est-ce uniquement par obligation vis-à-vis des nouveaux maîtres du pays ? Ou par attirance culturelle ? Sans doute un peu des deux…
Sur le mur suivant, une nouvelle grande représentation agricole (7) : en bas, la récolte du raisin, le pressoir et la mise en amphore du vin fraîchement préparé par des ouvriers piétinant les grappes de raisin. Pétosiris, à l’extrémité gauche, suit le travail tout en écoutant un contremaître comptabiliser les amphores remplies de bon vin ! Les décors supérieurs nous montrent des scènes de bétail (pâturage, naissance d’un petit veau, etc.). Dans l’ouverture de la façade au-dessus du mur, Pétosiris joue à un jeu, peut-être une sorte de jeu de dames (ou est-ce le jeu de Senet ?).
Dirigeons-nous vers l’entrée de la tombe. Nous retrouvons sur ces murs des scènes d’artisans (8) : des joailliers, des métallurgistes travaillant matières précieuses et métal. Le décor du mur le plus proche de l’entrée est intéressant (9) : des scribes notent scrupuleusement les objets précieux qui sont pesés. Ils sont déposés dans un grand coffre, lui-même sous la surveillance d’un responsable de l’administration de Pétosiris.
Article complet dans pharaon magazine n°10
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