La mission 2011 de l’Institut Européen d’Archéologie Sous-Marine a eu lieu en Égypte du 15 septembre au 30 octobre. La campagne de fouilles concernait le site de l’ancienne cité portuaire de Thônis-Héracléion à l’Ouest du Delta du Nil (baie d’Aboukir) et le port oriental d’Alexandrie (Portus Magnus).
Avec la collaboration du Conseil Suprême des Antiquités, elle a été dirigée par Franck Goddio, assisté d’une vingtaine de personnes dont un égyptologue, une céramologue, une restauratrice-conservatrice, deux ingénieurs, un photographe et un vidéaste, et onze plongeurs archéologues. Elle comptait également deux membres du National Museum of the Philippines qui collaborent avec Franck Goddio depuis plusieurs années lors des fouilles des épaves aux Philippines. Co-fondateur de l’Oxford Centre for Maritime Archaeology, l’IEASM a aussi accueilli sur le Princess Duda le directeur du Centre, qui, assisté de trois étudiants de l’Université d’Oxford, ont focalisé leur travail sur la fouille d’une épave antique. Par ailleurs, l’IEASM a fait bénéficier de sa logistique à deux étudiantes de l’Université d’Oxford afin qu’elles finalisent leur thèse de doctorat dont les sujets concernent des objets issus des fouilles et conservés au Musée maritime d’Alexandrie. Enfin, l’équipe a reçu la visite d’Andrew Meadows, Deputy Director à l’American Numismatic Society, venu étudier les monnaies découvertes sur les sites d’Alexandrie, Canope Est et Héracléion.
Thônis-Heracléion (Baie d’Aboukir)
Les fouilles archéologiques menées après interprétation des résultats géophysiques ont une nouvelle fois permis de préciser la topographie de la ville de Thônis-Héracléion qui, à partir du VIIIe s. av. J.-C. était le poste de police-frontière et de douane, et l’emporion où passaient les produits importés par les Grecs. Ce port a connu manifestement une intense activité : plus de soixante épaves datant en grande majorité du VIe au IIe siècle, ont été repérées. Ces témoignages assurent l’appréciation de l’importance portuaire de Thônis-Héracléion et constituent une documentation exceptionnelle pour l’étude de l’architecture navale en Égypte dans un contexte historique et archéologique précis. Selon cet axe de recherche, la fouille de l’Épave 17 – bateau du Ve-IVe s. av. J.-C., de 28 m de long dont la technique d’assemblage des bordages est spécifique et très vraisemblablement égyptienne – a été poursuivie et achevée cette année. Par ailleurs, la fouille de l’épave 11, commencée en 2010, a été rouverte en partie, afin de finaliser l’étude des détails d’architecture navale de cette petite embarcation fluviale en sycomore du IVe s. av. J.-C. L’épave 43, découverte lors de prospections en 2007 et datant du milieu du Ier millénaire av. J.-C., a fait l’objet d’une fouille. Les recherches se sont concentrées sur deux secteurs, à la proue et à la poupe du navire. La première étape du travail a consisté à comprendre la stratigraphie des niveaux de recouvrement de l’épave pour évaluer l’état de conservation du bateau et documenter ses éléments structurels afin de préparer la fouille proprement dite.
Les activités de la mission ont été également dévolues aux espaces qui avoisinent le sanctuaire principal, consacré à Amon du Géreb (_11E0773). Le programme de prospections et de sondages a été étendu pour préciser les types et le périmètre des structures du principal secteur “sacré” de la ville. Cette année, un autre secteur “sacré” a pu être mis en évidence au Nord du site. C’est notamment dans cette partie ancienne de la ville qu’avaient été découverts des éléments de mobilier en bronze inscrits de hiéroglyphes et des instruments de culte. Lors des fouilles, douze “boîtes” en calcaire parallélépipédique finement ouvragée, dotée d’un couvercle, ont été découvertes. Il pourrait s’agir de sarcophages destinés à recevoir des momies d’animaux de petites tailles (ibis ou faucon). Ils sont associés à un matériel archéologique riche : céramiques fines d’importation essentiellement du VIe s. av. J.-C., mobilier de culte, statuettes de divinités, ancres votives. Parmi les objets les plus remarquables mis au jour, un élément de mobilier en bronze incisé d’un décor de processions de divinités – dont celle des dieux tutélaires de Thônis-Héracléion : Amon, Mout et Khonsou –, portant les cartouches du Pharaon Amasis (570-526 av. J.-C.)
Mission IEASM EgYPTE 2011, © IEASM, http://www.franckgoddio.org
Commentaires
Il est déjà question de
Il est déjà question de Thonis dans l'Odyssée d'Homère, Chant IV, v. 227-232, dans lesquels il est question d'Hélène qui utilise une drogue fournie par "Polydamna, femme de Thon, en Egypte".
Hérodote a été devancé par Homère dans la connaissance de cette cité qui vient d'être retrouvée.
PEYROUS René
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