Texte & photos Claude Maillard
Genève accueille jusqu’au 12 janvier 2014 une manifestation d’envergure consacrée à Toutankhamon. En effet, la reconstitution du tombeau et des trésors du Pharaon a trouvé place à Palexpo. Unique en son genre, l’exposition retrace la découverte telle que l’archéologue Howard Carter l’a vécue en 1922 en Egypte, dans la vallée des Rois.
Grâce à la participation d’éminents scientifiques, aux croquis et aux notes d’Howard Carter, ainsi qu’aux clichés originaux pris à l’époque par le photographe de l’expédition, trois chambres funéraires et une vaste collection des principaux trésors de Toutankhamon sont reconstituées dans les conditions d’origine et présentées sur 4000m2. Contemporaine et didactique, l’exposition met en scène l’histoire qui s’est déroulée au cœur de la Vallée des Rois il y a 3300 ans.
Cinq années ont été nécessaires pour préparer cette exposition. Des artisans égyptiens ont minutieusement réalisé toutes les répliques à l’échelle, dans leurs ateliers du Caire, sous la supervision d’égyptologues. Trop fragiles, les œuvres originales visibles au musée du Caire ne peuvent plus être déplacées. Pièce maîtresse de l’exposition, le célèbre masque en or de Toutankhamon, par exemple, ne voyage plus depuis les années 1980. La reproduction fidèle du trésor permet aux visiteurs de contempler une collection complète, regroupant mille objets, jamais présentés hors d’Egypte lors des précédentes expositions sur Toutankhamon et de se représenter la splendeur des pièces originales.
Dans la peau d’Howard Carter
Cela fait des millénaires que Toutankhamon repose dans sa tombe enfouie dans la Vallée des Rois située sur la rive occidentale du Nil, près de Louxor. Depuis la nuit des temps, des millions de personnes sont passées par là sans se douter qu’un colossal trésor se cachait sous leurs pieds. Mais, en ce 4 novembre de l’année 1922, la tranquillité du pharaon allait être un peu perturbée par un jeune archéologue et aventurier anglais, Howard Carter. En brisant les sceaux intacts fermant la porte d’une tombe inconnue de la Vallée des Rois, il ne s’imaginait pas qu’il allait offrir à un jeune souverain, au règne bien effacé, l’occasion d’entrer dans la grande Histoire. De plus, sa fabuleuse découverte allait faire rêver le monde entier pendant des décennies et bouleverser tout ce que l’on connaissait sur cette civilisation millénaire et bien mystérieuse.
Ce que l’on sait moins sur cette découverte, c’est qu’à l’origine, elle est due au porteur d’eau de l’équipe d’ouvriers dirigée par Carter. En effet, sous le chaud soleil d’Egypte, dans cette Vallée des Rois très aride, il est vital de fournir de l’eau en abondance aux chercheurs. Chaque chantier de fouille dispose d’une personne dont la tâche est de distribuer de l’eau dans des jarres de terre, au fond arrondi, qu’elle enfouies dans le sol afin qu’elles ne se renversent pas. Et, en ce matin du 4 novembre 1922, alors qu’elle creusait un trou, elle mettait à jour la marche supérieure d’un escalier qui, une fois dégagé, donnait accès à l’entrée secrète d’une tombe. Sur la porte murée on pouvait déchiffrer les sceaux de Toutankhamon. Aussitôt prévenu, Lord Carnarvon, passionné de l’Egypte ancienne et mécène avisé de Carter, va alors rejoindre l’équipe et les fouilles vont pouvoir commencer. La tombe est composée d’une antichambre (ou salle de la Royauté), d’une annexe, de la chambre funéraire et enfin de la salle du trésor, le tout précédé par un couloir situé au bas de l’escalier.
Les archéologues vont un moment craindre le pire quand ils s’aperçoivent qu’un tunnel a été percé pour atteindre la sépulture qu’ils pensent tout à coup pillée. Mais plus de peur que de mal, et lorsque Carter commence à ôter quelques pierres d’une deuxième porte, il découvre, à la lueur d’une bougie, un amoncellement d’objets, des statues, des sculptures d’animaux étranges, mais surtout de l’or. Trente années de patience et d’acharnement sont enfin récompensées par la plus importante découverte du siècle en Egypte : le trésor de Toutankhamon. Commence alors l’inventaire des richesses de la tombe. Le jeune pharaon va revivre aux yeux du monde …
Toutankhamon, l’enfant roi
Onzième pharaon de la 18e dynastie, sous le Nouvel Empire, Toutankhamon est né à Thèbes en 1345 avant J.-C. et n’a vécu que 18 ans. Il est le fils d’Akhenaton. Quant à sa mère, on hésite entre la reine Néfertiti, épouse principale d’Akhenaton, et la propre sœur de ce dernier, surnommée « Younger Lady » par les scientifiques. Toutankhamon aura pour épouse royale Ankhèsenamon, troisième fille d’Akhenaton et de Néfertiti. Cela n’a rien de choquant dans l’Egypte Ancienne où les mariages consanguins entre frère et sœur sont pratique courante. Il sera contraint de monter sur le trône à l’âge de 9 ans suite à la mort brutale de son père. De santé fragile, il souffrait de nécrose avasculaire, maladie dégénérative qui devait l’empêcher de marcher correctement. Finalement, le jeune pharaon mourut du paludisme, combiné à une maladie des os ayant entrainé la fracture d’une jambe qui se serait ensuite infectée.
Le trésor de Toutankhamon
Guidé par Rainer Verbizh, concepteur de l’exposition, et par Florence Maruéjol, spécialiste de l’Egypte Ancienne, la visite peut commencer. Elle s’annonce passionnante…
Parmi l’ensemble des pièces présentées au public, une dizaine d’objets cultes attirent plus particulièrement notre attention. Le masque en or massif, d’un poids de 11 kg, est le chef d’œuvre du trésor. Le portrait idéalisé de Toutankhamon évoque le style de la période amarnienne tardive et témoigne d’une élégance incomparable. L’uraeus et la tête de vautour en or qui ornent le front sont incrustés de pierres semi-précieuses. Quant aux yeux, d’un grand réalisme, ils sont faits d’obsidienne et de quartz. Le cercueil intérieur en or massif et d’un poids de 110 kg, est très spectaculaire. Il représente le pharaon momifié, vêtu d’une cape de plumes, portant une barbe divine et la coiffe royale, et tenant des sceptres dans ses bras croisés. Le char d’apparat, doré à la feuille et richement décoré de pierres précieuses témoigne de la science des lapidaires et des orfèvres de l’ancienne Egypte, il y a plus de trois mille ans. Le trône, en bois, est décoré d’or, d’argent, d’albâtre, de verre et de gemmes. Sur le dossier, une scène représente Ankhèsenamon frictionnant l’épaule de son époux avec des onguents. La statue du pharaon qui chevauche un petit coracle (bateau) compte parmi les plus belles qui le représentent. Les trois énormes lits rituels, en forme de lion, de vache et d’Ammout, (déesse qui dévorait les âmes des humains jugés indignes de continuer à vivre dans l’au-delà) occupent une bonne partie de l’antichambre fidèlement reconstituée. Une chapelle, objet le plus volumineux de tout le trésor, entièrement dorée, évoque le pavillon dans lequel les rois égyptiens célébraient un anniversaire. Une deuxième, pratiquement semblable, est par contre la pièce exposée la plus énigmatique. Enfin, trois autres chapelles (chapelles portative, des canopes et naos), plus petites, constituent, d’un point de vue artistique, l’un des points forts de ces trésors funéraires qu’il faut vraiment découvrir.
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Un nouveau lieu d'exposition
Un nouveau lieu d'exposition pour ces 1000 répliques de Toutankhamon, qui a déjà tourné dans de nombreuses villes d'Europe (Manchester, Madrid, Paris, Bruxelles,...).
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